Médicaments : Comment les labos achètent les médecins

Publié le par Vahine

Médicaments : Comment les labos achètent les médecins

Les médecins sont humains comme vous et moi, et ils peuvent être achetés, ou même simplement manipulés comme tout le monde ...

Là où ça devient inquiétant c'est qu'on parle de santé, de médicaments ...

Et les " visiteurs médicaux " sont comme tous les marchands de tapis ... Ils doivent " faire du chiffre " !!!

Sur : BiblisObs :

 

 

 

«Les médecins sont manipulés par nous, et nous par les labos»

Créé le 01-08-2013   Par 

Julie Wasselin (©Bruno Coutier pour le Nouvel Observateur)

Julie Wasselin (©Bruno Coutier pour le Nouvel Observateur)

 

 

Julie Wasselin a longtemps parcouru la France pour vanter les mérites de médicaments dont elle ne savait pas grand-chose. Elle raconte aujourd'hui son métier de visiteuse médicale. Rencontre, et extraits de son livre.

 

Pendant vingt-cinq ans, elle a parcouru 300 kilomètres par jour à travers la Touraine comme visiteuse médicale. L'image de ce métier que Julie Wasselin, aujourd'hui retraitée, a quitté sans regret se dégrade à mesure que les scandales sanitaires dévoilent le rôle ambigu de ces lobbyistes professionnels auprès des médecins. De cette vie, «entre chauffeur routier et homme-sandwich», elle a fait un livre qui fait causer dans les milieux de l'information indépendante. Une VM qui balance à visage découvert? Le cas est unique. «Ce livre montre à quel point l'information délivrée est avant tout un argumentaire de vente», dit le docteur Philippe Nicot, porte-parole du Formindep.1

Longtemps les VM de Servier ont vanté les vertus amaigrissantes du Mediator. Ceux du laboratoire GSK ont «poussé» le Requip, sans rien savoir des dérives sexuelles parfois provoquées par ces antiparkinsoniens et d'autres ont promu les pilules «nouvelle génération» malgré le risque d'embolie pulmonaire.

«Les médecins sont manipulés par nous. Et nous, nous sommes manipulés par les labos, dit Julie Wasselin. On finit par s'en douter. Des choses transpirent. On fait du commerce avec la santé des gens. Si les patients savaient pourquoi ils avalent un médicament plutôt qu'un autre, ils tomberaient raides morts. S'ils savaient que c'est parce que j'ai apporté douze bouteilles de champagne...» Du petit labo danois auquel elle a appartenu, deux fois racheté dans le cadre des fluctuations boursières du marché pharmaceutique, elle tait le nom: «Au moins, on ne m'a pas envoyé raconter des salades.» En tout cas, elle veut le croire.

Elle avait 35 ans et plus de mari, deux jeunes enfants, un cheval, quelques meubles, une voiture et un van. Après un atterrissage d'urgence dans une maison pleine de courants d'air du bocage d'Indre-et-Loire, il lui faut un travail. Une petite annonce, un rendez-vous à la Défense, et elle signe pour le job. «J'avais le profil. On va au charbon, mais pour 3500 euros net, primes comprises.» Julie Wasselin doit prendre dès le lendemain la place d'une femme qui vient de se tuer sur le verglas. Chargée de présenter un mucolytique, elle lit dans le train du retour une épaisse documentation sur le crachat.

Dans les années 1980, il y a 7000 VM sur les routes de France, encore trop peu pour que les médecins se sentent harcelés. La «visite» se fait alors à l'improviste. Le VM se présente entre deux patients par le nom de son labo: «Bonjour. Sanofi», «Bonjour. Pfizer.» Vingt ans plus tard, ils sont 20.000 de plus, alors il faut prendre rendez-vous, depuis les cabines téléphoniques sur le bord des nationales, avec leur tablette grande comme une soucoupe à café pour poser son agenda.

Julie Wasselin raconte les repas de midi pris au volant de la R5 pour pouvoir «faire» six médecins par jour, toute la paperasse dans sa boîte aux lettres, les «visuels» qu'il faudra mettre sous le nez de chaque prescripteur, les argumentaires, «un bachotage permanent, tard dans la nuit. Répondre à une spécialiste qui s'interroge quand on n'a pas le centième de ses connaissances, ça a quelque chose de surréaliste».

Pénible aussi, les séminaires, «ce lavage de cerveau» où l'on doit rendre compte de ce qu'on a appris par cœur la veille, après un passage obligé en boîte de nuit. «Il faut faire jeune et beau même si on a le moral dans les chaussettes.» Et tous ces cadeaux à distribuer, des radiocassettes de ses débuts aux lecteurs DVD - «de l'achat de prescription», dit-elle.

Un jour, un généraliste de Blois lui a demandé si elle lui offrait une lampe ou un bureau. Elle n'est plus revenue. «Des médecins qui ont refusé un cadeau, j'en ai vu cinq en vingt-cinq ans j'ai eu envie de leur sauter au cou.» L'un d'entre eux, sosie de Lee Marvin, plutôt que de parler médocs, l'emmena chaque fois faire un flipper dans un bar au coin de sa rue.

Aujourd'hui, quand des «gens de la visite» viennent dormir chez elle, ils rapportent parfois des histoires de suicide. L'épuisement, Julie a connu elle aussi. «A la différence de ceux qui signent un contrat, nous, quand on a fini la visite, on ne sait pas si on a vendu ou pas.» Le labo, lui, sait. A la boîte près. Il y a des dépôts dans tous les départements, les pharmacies font remonter les chiffres.«Pour rien au monde, je ne voudrais refaire cela.»

Anne Crignon

 

«Les médecins sont manipulés par nous, et nous par les labos»
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M
Each and every point discussed in this article is true, about doctors being bought by labs. There are a lot of tricky activities done by these people to make doctors recommend their products. This has been going on for a long time. Thanks for discussing this.
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V
Merci à vous .
G
Bonjour,<br /> On essaie de culpabiliser le peuple quand au trou de la Sécu.<br /> Quand on creuse un trou, il y a obligatoirement un talus de fait à proximité.<br /> On ferait mieux de voir qui se trouve en haut de ce talus dans un relax au soleil sous les cocotiers.<br /> Mais ça, ils le savent bien et préfèrent pratiquer la langue de bois.<br /> On ne peut plus s'étonner pourquoi tout part en vrille en France.
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V
Excellent commentaire ! Très pertinent !
G
Bonjour,<br /> C'est tout de même étonnant que certains médecins et visiteurs médicaux ne prennent conscience de leurs manipulations néfastes qu'une fois à la retraite.<br /> Je pense qu'ils en ont été longtemps conscients, mais &quot;business oblige&quot;.<br /> Ce sont ceux qui publient des livres (une fois retraités) dénonçant ces pratiques, les plus véreux, car ils veulent encore et encore se faire un bénéfice substantiel au détriment de la santé des patients.
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V
Tu as raison, c'est le pompon ça !
V
Officiellement, les médecins n'ont plus le droit de bénéficier de ces largesses… Officiellement (mais il est évident que rien n'a changé). (Cette interdiction ne s'applique pas aux vétérinaires, il est bon de le noter.)<br /> J'avais lu que chaque médecin « coûtait » 150 000 € en cadeaux divers et variés par an, inutile de dire que ce coût est financé par nous, le peuple plébéien, via la Sécu, puisqu'il est répercuté sur le prix du médoc-poison.<br /> (Un exemple : ma mère était infirmière, les médecins de l'hosto partaient toujours en vacances, à l'autre bout du monde, tous frais payés par les labos.)
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V
Merci, il est toujours très intéressant d'avoir des exemples concrets et vécus ! Intéressant aussi la remarque concernant les vétos. !
N
Médicaments : Comment les labos achètent les médecins ????
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V
Avec des voyages, des &quot; symposiums &quot; aux Seychelles, des cadeaux, des pots de vin, plus ils prescrivent de médicaments, plus ils sont payés ...