Japon : Le mouvement anti-nucléaire prend de l'ampleur

Publié le par Vahine

Radioactivité

 

Global Relay :

 

31 juillet 2012

Japon : le mouvement anti-nucléaire gagne en force

 

 

Japon : le mouvement anti-nucléaire gagne en force

 

200.000 japonais ont manifesté lors du dernier week-end contre le redémarrage de deux réacteurs de la centrale nucléaire d’Ohi, située sur la côte nord du pays. Seize mois après l’accident de Fukushima, le mouvement anti-nucléaire japonais prend de l’ampleur.


« Nous nous sentons insultés par le gouvernement, nous devons arrêter son plan ». Ainsi s’est exprimé le prix Nobel de littérature, Kenzaburô Ôé, devant 170 000 participants venus l’écouter à la mi-juillet dans le parc de Yoyogi à Tokyo. Au début du mois, ils n’étaient pourtant que quelques milliers à protester devant la résidence tokyoïte du premier ministre Yoshihiko Noda. Signe d’une mobilisation grandissante, quelques 200 000 participants ont encerclé le Parlement japonais lors de la dernière manifestation en date, dimanche 29 juillet.

 

 

Le traumatisme reste fort, seize mois après l’accident de Fukushima. C’était le 11 mars 2011. Un séisme de magnitude 8,9 suivi d’un fort tsunami frappent le Nord-Est du Japon, provoquant l’arrêt automatique de quatre centrales nucléaires à Fukushima Daiichi, Fukushima Daini, Onagawa et Tokai. Jointe à des erreurs humaines, la double catastrophe naturelle provoque l’arrêt des systèmes de refroidissement de la centrale de Fukushima Daiichi. Trois des six réacteurs entrent alors en fusion partielle, permettant la libération de substances radioactives.

 

Un mois après, la catastrophe de Fukushima est considérée comme un « accident majeur » sur l’échelle internationale des évènements nucléaires (INES), au même titre que celle de Tchernobyl. Le 5 mai 2012, sous la pression de l’opinion publique, la dernière des cinquante centrales nucléaires que compte l’archipel s’arrête. Dès avril, le gouvernement s’inquiète publiquement du manque d’électricité dans les hôpitaux et les usines pour faire face à la période estivale. Alors que 70% des Japonais affirment dans un sondage être prêts à se passer de l’énergie nucléaire, le gouvernement annonce le 16 juin la reprise des réacteurs 3 et 4 de la centrale d’Ohi le mois suivant. Une décision qui traduit la volonté des dirigeants de réduire les prix de l’électricité, mais semble démentir leur détermination à sortir de la dépendance au nucléaire.

 

Les révélations s’accélèrent, contribuant à renforcer la méfiance des Japonais vis-à-vis du gouvernement. Début juillet, deux jours après la relance du réacteur 3 de la centrale d’Ohi, une commission parlementaire chargée d’éclairer les circonstances de l’accident de Fukushima conclue à un « désastre profondément causé par l’homme – qui aurait pu et aurait dû être prévu et prévenu ». Le rapport met en cause l’opérateur Tepco, responsable d’« une multitude d’erreurs et de négligences délibérées ». Le gouvernement est lui aussi écorné pour avoir diffusé « une fausse impression de sécurité ». Fin juillet, la presse dévoile qu’un sous-traitant de Tepco oblige ses ouvriers travaillant à Fukushima à truquer leur niveau de radioactivité afin qu’il reste inférieur à celui autorisé.

 

 

Les réactions ne se font pas attendre. Tandis que des manifestants de tous horizons commencent à se réunir devant la résidence du premier ministre chaque vendredi dès le mois de juin, une pétition s’opposant à la relance des réacteurs est mise en ligne. Et le mouvement est massif, comme en témoignent les 7,23 millions de signatures recueillies au 31 juillet. A la différence des années 1960 et 1970 où seuls les ruraux vivant aux alentours des centrales nucléaires manifestaient, toutes les catégories sociales sont aujourd’hui mobilisées.

 

De nouvelles formes de contestation voient le jour, qui témoignent d’un début d’organisation au niveau politique. Le mouvement des Verts au Japon, qui fédère les différents mouvements écologistes japonais, a ainsi été lancé samedi 28 juillet. Le parti espère gagner au moins 5 sièges aux prochaines élections sénatoriales en 2013 afin d’être officiellement reconnu. En outre, l’élection du gouverneur de la province de Yamaguchi, dimanche 29 juillet, a montré la percée de Tetsunari Iida, candidat qui avait fait de l’anti-nucléaire le fer de lance de sa campagne. Il est arrivé second derrière Shigetaro Yamamoto, ancien haut fonctionnaire du ministère de la Terre, de l’Infrastructure, des Transports et du Tourisme.

 

Un signe fort dans cette province conservatrice, qui influencera peut-être le programme de mix énergétique, dont le premier ministre a annoncé la présentation cet été. Alors que le nucléaire représentait 30% de la production énergétique nippone avant l’ accident de Fukushima, les anti-nucléaire s’inquiètent d’un scénario de statu quo, envisagé par le gouvernement.

Publié dans Nucléaire Fukushima

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